« Merci Monsieur le Président, chers collègues,
Je voudrais rebondir peut-être sur les propos qu’a tenus à l’instant Didier PETTERMANN (NB : Conseiller régional du groupe Centristes et Territoires), même si la responsabilité est sans doute partagée sur cette crise agricole et revenir sur le constat qui est fait. Et je partage ce constat sur la souffrance exprimée par ce monde agricole depuis longtemps déjà ; ça ne date pas d’aujourd’hui. Le problème, il me semble, c’est que face à cette situation de crise que l’on sentait sans doute venir, les solutions qui peuvent être apportées, les constats qui peuvent être faits, les commentaires aussi sont, à mon sens, sans doute souvent simplistes.
On parle… Enfin, en tout cas, le constat – et je pense que c’est aussi ce que l’on ressent sur les territoires ruraux : ce n’est pas tant de dire « seulement » - j’y reviendrai – qu’il faut de la simplification, qu’il faut lutter contre les normes, qu’il faut revoir les prix, mais c’est d’abord
que l’agriculteur, même si on lui demande des transitions, que la société demande, il veut vivre bien (peut-être même mieux qu’avant) avec des revenus qui lui sont reconnus et avec une qualité de vie et une qualité de travail qui lui permettent de vivre dans ces conditions-là.
Je crois que c’est là, la principale difficulté face à laquelle on se trouve aujourd’hui. Un agriculteur, aujourd’hui, il veut vivre comme chacune, chacun d’entre nous : il veut avoir son week-end, il ne veut pas se perdre dans des normes et il ne veut pas se perdre dans des procédures administratives et ça, on peut le comprendre.
Néanmoins, on a un certain nombre de facteurs qui sont le constat de cette situation de crise. Vous en avez d’ailleurs cité quelques-uns aussi : quand on voit l’écart qu’il y a de prix entre le produit de base et effectivement la marge qui est faite, c’est inacceptable. Ça s’appelle le libéralisme, quand même. On peut aussi parfois mettre des mots. Il n’y a pas de honte à mettre des mots sur un certain nombre de facteurs. Dire que c’est simplement soit l’Europe, soit les normes liées à la transition écologique, énergétique, c’est simpliste.
Je pense que – Didier (NB: PETTERMANN), tu l’as dit – la demande sociétale, elle ne changera pas. Et croire que l’on peut créer un rapport de force en ayant d’un côté les agriculteurs qui disent « on ne peut pas répondre à cette demande sociétale » et de l’autre côté, avoir la société qui continue à demander des produits sains et sans doute d’une autre agriculture, est voué à l’échec, parce que l’on va continuer à faire face à de l’agri-bashing.
À l’inverse, ce qui, à mon avis aujourd’hui, ce qui pose problème réellement, ce sont les mesures d’accompagnement que l’on fait face à cette transition. C’est là qu’il y a effectivement quelque chose à faire ; sans doute à accélérer ces mesures d’accompagnement et ça va dans les deux sens : aussi bien pour le consommateur, il me semble que pour le producteur et je crois que de ce point de vue-là, sans doute que l’on n’est pas suffisamment au rendez-vous.
Il y a la question des prix, de l’accompagnement des prix, des mesures qui doivent être prises ; il y a effectivement la question des normes, parce que quand on est un agriculteur, on n’est pas là pour être simplement avec son ordinateur et remplir des documents administratifs ; ça, je peux le comprendre.
Il y a l’accompagnement de l’État qui doit être revu ; il y a l’accélération de l’accompagnement, y compris de notre collectivité – sans doute qu’on y reviendra dans le débat. Je pense évidemment ici à la Région, mais de grâce, je crois que l’agriculture c’est trop grave pour effectivement que l’on en fasse un outil simplement politique.
Là encore, Didier (NB: PETTERMANN) a raison. L’agriculture gère l’essentiel de notre espace en France et on est l’un des pays qui est le plus concerné par l’espace qui est géré par le monde agricole et je crois que l’on doit effectivement faire en sorte de positiver et d’accompagner, de rassurer, de trouver des solutions qui soient des solutions immédiates, en tout cas le plus rapidement possible pour que cette transition qui est nécessaire et qui se fera, même si elle est retardée, mais elle se fera in fine, malgré tout, puisse être un succès et que l’on n’ait pas le sentiment et que le monde agricole n’ait pas le sentiment que cela se fasse contre le monde agricole, que cela ne soit pas une lutte de société en quelque sorte, un débat de société qui à mon avis serait voué à l’échec, mais que vraiment ce soit l’opportunité et l’occasion pour que peut-être dans notre pays cette agriculture soit encore plus exemplaire demain avec les moyens que l’on y met.
Voilà. Je pense qu’en tout cas, ça peut être un débat intéressant. Je ne suis pas naïf : j’ai cru comprendre que pour les vœux et les motions qui ont été déposés, sans doute qu’il y a encore des efforts pour que l’on parle tous d’une même voix. Mais ayons au moins ce débat-là, peut-être le plus dépassionné possible. Et je pense que l’agriculture, l’agriculture, l’alimentation, y gagneront.
Merci. »