« Merci Monsieur le Président, chers collègues,
Les manifestations des agriculteurs démontrent en premier lieu les problèmes structurels de la politique agricole qui est menée dans le pays depuis des décennies. Aujourd’hui, les agriculteurs n’arrivent plus à vivre correctement de leur travail.
Alors, on peut soit répondre par des mesures superficielles, comme la réduction des normes, le développement d’autres formes de revenus comme notamment la méthanisation ou l’agri-voltaïsme, ou alors on peut résoudre ces problèmes structurels par la fixation des prix par le marché et l’attitude de l’industrie agro-alimentaire et des distributeurs qui entrainent justement l’absence d’évolution favorable des prix d’achat des productions ou encore la poursuite des politiques de libre-échange que crée la concurrence déloyale.
Comment vivre de son métier quand on a aucune visibilité sur les prix de vente livrés au bon vouloir des forces de l’argent ? Ce que veulent les agriculteurs, ce sont des salaires rémunérateurs de leur travail, mais certainement pas des primes, qui ne sont que ponctuelles et qui ne permettent pas de vivre dignement de leur labeur.
Les agriculteurs subissent des politiques menées depuis des décennies et amplifiées depuis quelques années par la dérégulation des prix, la fluctuation constante des marchés, qui plus est, favorisées par les exigences de rentabilité gargantuesques des industries agroalimentaires et des distributeurs qui continuent à engranger des bénéfices exorbitants face à une profession à bout de souffle et sans revenu.
De plus, défendre notre souveraineté alimentaire, c’est protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale des traités de libre-échange dont le seul but est de mettre en concurrence les agricultures mondiales entre elles. Aujourd’hui, les agriculteurs français sont contraints, non par les normes, mais par ces politiques ultra-libérales de libre-échange et des traités multiples qui en découlent. Il ne faut donc pas alléger les normes, qui sont des outils protecteurs des agriculteurs et des consommateurs, mais sortir l’agriculture de l’alimentation de la concurrence mondialisée, mettre fin aux importations abusives et garantir le strict respect des principes de réciprocité et d’égalité en matière de normes sanitaires et environnementales et sociales.
Nous devons avoir un courage politique pour affronter ces logiques, afin de permettre à notre agriculture de sortir de ces crises. Aujourd’hui, les gros touchent gros, les petits touchent petit. Il faut donc inverser la tendance.»