Séance Plénière du 23 mars 2023
23SP-535 Réseaux de lycées de la Région Grand Est - Stratégie territoriale
intervention de Marcello ROTOLO

Monsieur le Président, chers collègues,

Nous avons entendu de nombreux arguments sur le refus des projets de restructuration et de fermeture des 9 lycées du Grand Est. Certains éléments sont largement partagés par notre groupe. Nous sommes des élus qui vérifient les données factuelles afin de se positionner.

 

Dans ce rapport comme pour la prétendue réforme des retraites, nous ne souhaitons pas rester au seul argument financier, largement insuffisant, car nous défendons que l’éducation et la formation sont un investissement pour l’avenir de notre région. Répondre aux besoins d’intérêts généraux est de notre responsabilité à tous.

 

Développer et conserver des lycées dans les territoires, c’est jouer la carte de la proximité, de l’attractivité et de l’innovation. Cela passe par le développement des filières techniques en tension, répondre aux besoins pédagogiques des élèves et apprentis, coconstruire avec les équipes pédagogiques et les élèves des lieux d’apprentissage comme des lieux de vie partagés, propices et sereins pour se former, mais aussi vivre ensemble.


Or, dans le rapport, 4 projets de fermeture laissent perplexes et nous les contestons avec force et vigueur. Les lycées de Landres, de Pulversheim, de Behren et de Charleville-Mézières. Dans ces situations, les arguments avancés, majoritairement financiers, ne tiennent pas. Et je vais vous faire quelques focus.

 

Les prétendus taux d’occupation ne tiennent pas, car il existe d’abord des bâtiments désaffectés. En outre, et surtout, ces lycées ont un taux d’occupation proche des 100 %, comme cela relève des éléments qui viennent des rectorats. Il serait incongru de critiquer les effectifs alors que ce sont des refus répétés d’ouverture de sections qui les limitent et je peux en témoigner. Enfin, comparer des places issues des normes incendies avec les places de formation effective est un vrai non-sens.

 

Dans ces bassins, contrairement à d’autres, il n’y a pas de baisse démographique. Là aussi, je peux en témoigner, je travaille dans un collège du secteur de Pulversheim, on a gagné 2 classes. Je peux dénoncer le non-sens écologique concernant les transports pour les élèves et le temps passé. Aller de la vallée du Florival, à un lycée mulhousien, c’est minimum une heure de transport pour y aller seulement.

 

Comparer les lycées généraux avec des établissements professionnels qui possèdent des appareils à forte consommation, notamment la chaudronnerie, l’électricité, n’a aucun sens. Il suffit d’investir d’ailleurs pour produire l’énergie sur site et ces établissements seraient parfaitement adaptés.


Enfin, sur le plan économique, où des investissements déjà importants dans certains établissements, je vais donner l’exemple de Pulversheim que je connais bien. En juin 2022, l’estimation des travaux était à 5,3 millions avec la création d’une aile et la suppression de bâtiments non affectés et non entretenus permettant la vente d’un foncier conséquent. Le coût final pour la Région était prévu dans les 3 millions d’euros. Le temps passe et les prix flambent, 14 millions, 19 millions, voire même 40 millions aujourd’hui, ces chiffres n’ont aucun sens. On prend l’exemple d’un collège avec 800 à 900 élèves avec un IEM dedans. On sait qu’il sera entre 18 et 20 millions, BBC, tout neuf.

 

Voyez que les chiffres n’ont aucun sens. Ces décisions, loin de toute réalité factuelle, non concertées, cassent la dynamique des équipes pédagogiques, donc je le souligne, l’investissement, cassent l’attractivité et le climat scolaire et seront indiscutablement responsables d’une baisse de la fréquentation de filières de métiers déjà en forte tension tout en déstabilisant des bassins de vie.

 

En conséquence, il y a lieu de reconsidérer ces 4 projets de fermeture et nous vous demandons un moratoire sur ces fermetures.